Connaissance et renaissance de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port

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C'est arrivé en 2023

Conférence “SIMON MOYCET” 

Samedi 27 mai à 20 heures à la mairie de Saint-Nicolas-de-Port, Philippe DENIS, a présenté une conférence unique sur le « bâtisseur » de la grande église de Port, érigée sur les ordres du duc de Lorraine, René II.
Nous savons peu de choses sur Simon Moycet. Son nom est orthographié de différentes manières : Moycet, Moycette, Moicet, Moüisey, Meaucet ou encore Chovart qui semble être son véritable nom. Il est le fils d’un riche marchand de drap de Saint Nicolas de Port, nommé Didier Moycette. Sa date de naissance est imprécise. Vraisemblablement vers 1440/1450.
En 1475 il est nommé trésorier d’une église de la ville. En 1480 il fonde le nouvel hôpital Saint François (actuel hôpital psychiatrique et maison de convalescence de la ville).
Il dirige le chantier de construction de la nouvelle église et contribue, dit-t-on, de ses propres deniers à la construction de l’édifice.
Il ne verra malheureusement pas l’achèvement de son œuvre (en 1445) car il décède le 7 avril 1520. Il se fait enterrer au milieu de son église et en 1892, quand on refait le dallage, on retrouve son cercueil de pierre sous les dalles, au beau milieu du monument. Ses restes sont transférés dans un tombeau de pierre dans la première chapelle Nord de la Basilique où ils demeurent encore.
Aujourd’hui, on a oublié et parfois même volontairement occulté, notamment au XIXe siècle, le lien profondément étroit et historique qui lie indissolublement l’église Saint-Gorgon de Varangéville et l’église dédiée à saint Nicolas (l’actuelle basilique) de Saint-Nicolas-de-Port, dans ce qui fut le vécu de la seigneurie de Warangéville*, et ce depuis le XIème siècle.
À partir de l’étude de la famille Moycette et sur des bases d’archives dépouillées en France comme à l’étranger, Philippe Denis, dans sa conférence, a tracé le comment et surtout le pourquoi de la mutation d’ampleur qui eut lieu aux XVème et XVIème siècles et qui a fait naître les deux églises actuelles.
* Warangéville : orthographe du XVème siècle

Concerts d’orgue

Après plus de 10 ans d’absence, les concerts d’orgue ont repris cette année. Devant leur succès, la prochaine programmation est déjà à l’étude pour l’année prochain.

Planning concerts
affiche 2023
programme 2023

Conférence et concert de carillon

Samedi 2 septembre, par un bel après-midi ensoleillé, plus de 115 personnes sont venues assister à une expérience unique sur les cloches de la basilique. Le public, installé dans le jardin de la “Salle du pélerin a pu écouter la conférence de Thibaut LAPLACE, ancien président de l’association et délégué en Meurthe et Moselle de la société française de campanologie, chargé de l’inventaire campanaire du département.
La fin de la conférence fut marquée par la sonnerie à la volée de toutes les cloches y compris d’Edmond, le bourdon de 4,5 tonnes  installé dans la tour Sud (tour Saint Pierre)
La conférence fut suivie d’un très beau concert du carillon, aux commandes duquel se tenait notre adhérent Michel MANGOLD.
De l’avis de tous, l’expérience sera à renouveler.
Pourquoi pas !

Communication FaceBook de la conférence

Conférence : 1635, année infernale

Laurent JALABERT, maître de conférences (hdr) à l’Université de Lorraine et auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de la Lorraine a expliqué cette guerre méconnue des français, mais pourtant capitale pour l’Europe et qui a marqué le continent pour plusieurs siècles.
Grâce à des documents, rédigés pour certains par des contemporains de cette guerre, le conférencier a présenté la chronologie des événements tragiques qui ont marqué la destruction de la cité de Saint-Nicolas-de-Port en novembre 1635, ainsi que l’incendie de la “grande église”.
60 personnes ont assisté à cette conférence inédite.

Nocturnes de René II

 

Samedi 2 Décembre 2023
Concert Gospel

L’association a réussi son pari de réunir plusieurs centaines de spectateurs dans la basilique pour assister au magnifique concert offert par les choristes de Nancy Gospel Singers et Gospel Glory. Cette chorale existe depuis 1995 et rassemble sous la direction de Sara Klopfenstein originaire du Michigan, une trentaine de choristes qui couvrent huit voix. Ils sont accompagnés par Julie Bibler, pianiste professionnelle. En cette période de l’Avent, le large répertoire qu’ils ont interprété comprenait des chants de Noël aux arrangements jazzy. Les costumes, la mise en scène, les éclairages, la sonorisation ont contribué à faire de cette soirée un moment fort en ouverture des festivités de la Saint-Nicolas.

Basilique de Saint-Nicolas-de-Port

Les restaurations

Dans le numéro 63 de notre revue « La Gargouille », nous évoquions l’accident survenu le 26 juillet 2012 à la statue de saint Nicolas qui trônait sur le portail principal de la basilique (chute et destruction de la main gauche et de la crosse). Aussitôt,  la ville de Saint-Nicolas-de-Port avait fait procéder à sa sécurisation, puis à sa dépose d’urgence le 10 août, laissant le trumeau vide depuis cette date.

Après l’étude de plusieurs devis établis, la Direction Régionales des Affaires Culturelles de Lorraine a donné son avis scientifique et technique quant aux solutions proposées. La restauration proposée par Muriel Oiry (51) a été retenue.

Le coût total de la restauration s’élève à 17 462,80 euros TTC. La ville de Saint-Nicolas-de-Port, propriétaire, en est le maître d’œuvre. Seul le montant hors taxe est à financer, soit 14 601 euros. La statue étant classée au titre des Monuments historiques depuis le 5 décembre 1908, le Ministère de la Culture par l’intermédiaire de la DRAC de Lorraine prend à sa charge 50 % de cette somme. L’association Connaissance et Renaissance de la Basilique apporte son financement pour les 50 % restants, soit une somme de 7 300,50 euros, réaffirmant son engagement pour la sauvegarde de la basilique.

Historique de la statue

La statue de saint Nicolas a été sculptée dans une pierre calcaire blanche à grains fins, au XVIe siècle, probablement entre 1520 (achèvement de la nef) et 1530 (pose du vitrail de la grande rose). Le sculpteur reste inconnu (un certain Claude Richier, frère de Ligier, est souvent évoqué dans des ouvrages, mais son existence même n’est pas prouvée). Les spécialistes rattachent cette œuvre à l’école champenoise pour son expression et son attitude, bien qu’on y trouve plus de sécheresse, et que les vêtements soient moins amplement drapés que sur les statues troyennes. L’œuvre est encore très médiévale ; la Renaissance se révèle ici par un certain maniérisme. Le saint évêque est représenté debout et bénissant de la main droite ; à ses pieds, dans un saloir, se trouvent les trois enfants qu’il ressuscita, selon la légende. Il est coiffé d’une haute mitre diamantée, vêtu d’une dalmatique et d’une chape, l’une et l’autre ornées de riches orfrois. Les apôtres sont brodés sur les parements de la chape, dont l’agrafe porte une représentation de « Jésus-Docteur ». Sur la volute de la crosse, est figurée la Vierge mère.

La statue semble avoir été taillée pour cet emplacement. Et elle a toujours été la seule à figurer sur la façade principale, les autres niches ayant toujours été vides.

Selon les témoignages, la statue fut déposée et cachée pendant Révolution. En 1802, elle fut reposée à l’intérieur de l’église, sur l’autel patronal. En 1865, quand le nouvel autel patronal fut réalisé, la statue retrouva sa place à l’extérieur, sur son piédestal d’origine.

Statue close view
Statue close view 2

En 1866, la statue a été restaurée par Arthur Pierron, de Nancy, qui refit deux des trois enfants du saloir. D’autres restaurations sont intervenues au cours du XXe siècle.

Mais, victime des intempéries ou des actes de malveillance, diverses dégradations se sont accumulées depuis la Seconde Guerre mondiale : perte des deux doigts bénissants de la main droite, d’un bras et d’un pied d’un enfant du saloir, d’une partie de l’agrafe de la chape, etc… Et surtout l’été dernier donc, perte de la crosse et de la main gauche. C’est donc une statue bien malade qui a va entrer en phase de restauration.

Nous présentons ici l’expertise et les solutions proposées par Muriel Oiry :

Les causes de la chute de la crosse

Il s’avère que la main avait subi une intervention de restauration dans le passé : elle avait été goujonnée au moyen d’un tenon métallique de faible diamètre. Un joint de scellement a ensuite été réalisé autour du poignet. Le goujon est légèrement oxydé, mais son altération n’est pas suffisante pour entraîner la chute de la main par éclatement de la pierre autour du tenon. Et si le goujon et le joint de scellement s’étaient dégradés avec le temps et n’assuraient plus totalement leur rôle de maintien, la main était encore soutenue par le bâton de la crosse. L’hypothèse d’un acte de vandalisme n’est pas à exclure : l’accès à la sculpture sur le portail étant relativement facile, une personne aurait très bien pu exercer une traction sur la crosse. L’assemblage de la main étant alors déjà très abîmé (joint et goujon) par les intempéries, la main aurait immédiatement cédé.

D’ailleurs, avec les débris retrouvés au sol, seule la volute de la crosse peut être reconstituée : aucune trace de la main et du bâton !

crosse
Etat général de la statue

La pierre ne présente pas de désordre structurel important. Des manques sont observés au niveau des doigts de la main et sur les bords des drapés.

La sculpture a été fortement remaniée au cours des siècles. Des interventions anciennes sont observées :

  • La restitution de plusieurs extrémités du drapé du manteau en pierre reconstituée sur armature en fil de cuivre et/ou laiton, principalement au niveau de la poitrine du saint.
  • La reprise des parties du visage su saint (yeux, menton) et des trois enfants en enduit blanc.
  • Le scellement au ciment de la partie dextre du baquet dans lequel sont représentés les trois enfants.
  • La restitution en pierre de la base du baquet sur la face. La pierre utilisée est différente de celle constitutive de l’œuvre, elle est rosée et à gros grains.

Une partie des restitutions des drapés sont manquantes ou désolidarisées. Les reprises en enduit blanc ont mal vieilli : aspect de surface irrégulier, bouchage non jointif. La restitution du baquet s’est désolidarisée

Etat de la pierre

Si la pierre ne présente pas de pulvérulence, elle est toutefois fragilisée en surface par son exposition en extérieur. Localement le calcin a disparu : les eaux de pluies, par ruissellement ont entraîné une érosion de l’épiderme.

La pierre est encrassée et recouverte sur 90 % de sa surface de croûtes noires. Ces dernières se forment à partir des dépôts secs (d’origine minérale, métallique et de suie) cimentés à la surface de la pierre par du sulfate de calcium. Il se produit une réaction chimique entre l’eau de pluie, les polluants atmosphériques et leur contact avec la pierre. Sur le long terme, les croûtes noires aboutissent à une dégradation de la pierre à cause de leur haute teneur en gypse. Ce sel soluble entraîne lors de sa cristallisation la chute des croûtes noires et une partie de l’épiderme de la pierre avec.

Les différentes phases de la restauration

Voici en détail les différentes phases de la restauration envisagées par Muriel Oiry :

  • Dépoussièrage général par aspiration.
  • Préconsolidation: La pierre étant fragilisée par les intempéries et les croûtes noires, et afin de lui redonner la cohésion nécessaire pour supporter les traitements de restauration, application de consolidant à base de silicate d’éthyle qui agit en profondeur. Le temps d’attente de parfaite catalyse avant le nettoyage est de trois semaines.
  • Nettoyage par micro-abrasion à l’aide d’une mini-sableuse. La granulométrie et la nature de la poudre se seront déterminées en fonction de la dureté et de l’épaisseur du dépôt à éliminer, et en fonction de la dureté de la pierre.
    • Repose de la sculpture et sécurisation: La sculpture sera ensuite reposée sur le portail central par l’entreprise France-Lanord et Bichaton qui s’était occupée de la dépose en urgence. Une fois positionnée, la statue sera scellée doublement (à la base et derrière la tête).
    • Consolidation finale: Suite à l’élimination des croûtes noires qui couvraient la pierre, sa surface va se retrouver à nu. Un traitement sera donc nécessaire pour lui faire retrouver la consistance du calcin qui se forme naturellement mais qui est attaqué par les agents polluants. Une consolidation finale consistera donc à protéger la pierre des agressions environnementales par imprégnation de celle-ci d’un produit à base de silicate d’éthyle, dispensé à la pissette ou à la brosse en deux ou trois passes selon préconisation du laboratoire.
    • Collage et goujonnage : L’ancienne restitution de la base du baquet et celle du bord du drapé du manteau seront recollées avec une résine époxy.Si nécessaire, le collage sera renforcé par des goujons en matériaux inoxydables ou en fibre de verre. Il sera procédé de même pour les éventuels éléments paraissant mobiles, après nettoyage et dégraissage.Les anciennes armatures oxydées seront, dans la mesure du possible, retirées et remplacées par des matériaux inoxydables. S’il s’avère impossible de les enlever sans endommager la sculpture, elles seront conservées en l’état. Après élimination de la rouille (par grattage ou ponçage), ces armatures seront traitées avec un inhibiteur de corrosion.
      • Bouchages: La pierre présentant de nombreux petits éclats ou manques qui sont autant de voies par lesquelles les eaux de pluie peuvent s’infiltrer et poursuivre leur travail d’altération, une campagne de ragréage doit être menée. Cette intervention comprendra la réalisation de solins (ou chanfreins), le comblement des cuvettes formant des retenues d’eau, le bouchage des fissures et, ponctuellement, la restitution de petits éléments sculptés manquants. Le produit de bouchage est un mélange de poudre de pierre et de chaux qui aura l’aspect et la texture proche de la pierre constitutive. Il sera également utilisé pour le comblement des joints d’assemblage des collages (baquet, éléments de drapés, main restituée).

      Les anciens bouchages seront repris et patinés dans les tons pierre avec un mélange de chaux et de pigments naturels.

      • Restitution de la main et de la crosse: La main ainsi qu’une crosse avec bâton seront entièrement refaits à l’identique par le sculpteur Jacques Bourgeois.

      Main gauche : un modelage sera réalisé in situ d’après photographies et fragments restants. Puis un moulage et un tirage en plâtre seront effectués. Ce dernier, après présentation sur l’œuvre, sera copié en pierre par la technique de mise aux points (procédé de reproduction à l’identique à l’aide d’un pantographe). Le scellement sera  effectué par collage et goujon inoxydable.

      Crosse et bâton : après reconstitution de la crosse à partir des débris, un moulage sera effectué en élastomère. Pour une plus grande résistance dans le temps, la crosse et le bâton seront réalisés en pierre reconstituée (résine + poudre de pierre) autour d’une armature en fibre de verre. En effet, la réalisation en pierre est jugée trop fragile surtout si l’on tient compte que la dégradation de saint Nicolas a pu être accélérée par un acte de vandalisme.

      La crosse d’origine sera quant à elle restaurée en vue d’être conservée en intérieur. L’ensemble sera nettoyé puis collé (avec renfort au revers en fibre de verre).

A noter que la statue sera reposée sur un portail non restauré. Elle pourrait apparaître alors comme une tache blanche au milieu d’un décor sculpté grisâtre. Pour ne pas gêner la lecture de l’ensemble, le trumeau (dais et socle) du portail central auquel est adossée la statue, sera nettoyé avec les mêmes procédés de restauration.

Photo chèque
Un chèque de 8175,50 euros a été remis par Thibaut LAPLACE et Cyrille BRONIQUE (respectivement nouveau et ancien président de l’association) à Luc BINSINGER, maire de Saint-Nicolas-de-Port.

A l’automne 2016, la deuxième restauration de notre saint Nicolas au portail de la basilique a pu aboutir. Le saint a enfin retrouvé les doigts de sa main bénissant, son fermail (agrafe de sa chape). Les enfants du cuveau ont retrouvé l’intégralité de leurs membres.L’association a financé 50% des travaux, soit près de 1800€, l’autre moitié restant à la charge de la DRAC.

Photo statue avant restauration
AVANT
Statue de Saint Nicolas après restauration
APRÈS
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